Festival des pieds et des mains

Samedi 8 Avril 2023, j’ai eu la joie de retrouver toute l’équipe du festival « Des pieds et des mains » à Saint Félicien, en Ardèche.

C’est un festival jeune public autofinancé, à prix libre et conscient, qui se tiens sur une journée pour le plaisir des enfants et des grands enfants aussi. Ce fut encore une belle réussite cette année : spectacles, crêpes, jeux en bois, ateliers variés, et le fameux tire-boulette ! Même le soleil était au beau fixe 🙂

Merci à Marie, Régis, Carmen, Ernest et Fanette de m’avoir hébergée durant ces quelques jours, et merci à Felipe et René, qui ont fait de belles photos durant le festival ! Vous y remarquerez mon nouveau costume d’inspiration japonaise, que j’ai conçu et cousu exprès pour l’occasion !

CD un petit tour, la reprise

Et oui, ça fait déjà un an et demi que les master sont prêts !! Il est attendu depuis longtemps, et moi la première j’aimerais tant voir ce projet venir à bout et vous faire profiter enfin de ce magnifique album !! J’avais mis de côté la sortie de l’album au profits de projets dans d’autres compagnies qui me permettent de pérenniser mon activité professionnelle.

Depuis janvier, j’avance sur la pochette de l’album ! Oui ! Telle une tortue qui regarde la ligne d’arrivée à l’horizon, ça avance !!

Merci de votre patience, j’espère que cette année ce sera enfin la bonne !

World Kamishibaï Forum

Depuis le mois d’Août, j’assiste régulièrement aux forums proposés par le World Kamishibaï Forum. Le World Kamishibaï Forum est organisé par Tara McGowan, Donna Tamaki et Walter Ritter.
C’est une rencontre internationale des acteurs du kamishibaï qui est produite par Write Out Loud. Ce forum est une série annuelle de dix réunions Zoom qui se concentrent sur différents aspects du kamishibaï. Chacun est invité à assister aux réunions en direct et/ou à les visionner sur les archives. Pour recevoir une invitation, il suffit de s’inscrire : https://writeoutloudeducation.weebly.com/world-kamishibai-forum.html Toutes les vidéos et rencontres sont en anglais, mais vous pouvez activer les sous titre automatiques en Français lorsque les vidéos sont mise en lien via Youtube, ça vaut ce que ça vaut mais c’est mieux que rien. En tout cas c’est une très belle communauté que je vous invite à découvrir !

Voici les différents thème qui ont été et sont abordés cette année :

28 Mai 2022 : Le Kamishibaï autoproduit
Avec Araki Fumiko et Miyazaki Fumie (Japon)

25 Juin 2022 : La méthode éducative STEAM et Kamishibaï
Avec Jackie Kerin (Australie), Yumi Izuyama(Brésil & US)

16 Juillet 2022 : Enseignement de la seconde langue avec le Kamishibaï
Géraldine D. Enjelvin (U de York) et Natsuko Shibata Perera (U de Londres)

27 Août 2022 : Kamishibaï et enfants sourds
Tere Marichal Lugo, Orlando González Rivera (Porto Rico)

24 Septembre 2022 : Donner vie aux illustrations de kamishibaï
Philippe Robert (France)

29 Octobre 2022 : Kamishibaï grand format
Morohashi Seiko (Temple Senzo-in, Japon)

19 Novembre 2022 : Kamishibaï pour les tous petits
Yoko’o Sakiko (Japon, Mexique), Anna Manuel (Australie)

28 Janvier 2023 : Le kamishibaï de rue au japon
Mimoto Fumiyo, Otsuka Tamayo (Japon)

25 Février 2023 : Marionnette et Kamishibaï
Jelena Sitar Cvetco (Slovénie), Laura Gutman & Simon Wajntrob (Argentine)

25 Mars 2023 : La fusion culturelle dans le Kamishibaï
Pepe Cabana Kojachi Mukashi Mukashi (Pérou), Ramya Srinidhi (Inde)

Merci à tous pour ces belles rencontres !

Poésie et Représentation Graphique

Pour notre rencontre trimestrielle en octobre 2022 avec le collectif Ultramobile, nous avons travaillé sur la représentation graphique de poèmes. Chacun d’entre nous a choisi une ou deux poésies, et a essayé d’en faire un kamishibaï. Nous avons passé la journée avec Blaise Cendrars, Victor Hugo, Jacques Prévert, Marc Chagall, Maurice Carême, ainsi que plusieurs auteurs japonais de Haiku.

Pour ma part j’avais choisi un poème de Jacque Prévert :

Presque

A
Fontainebleau
Devant l’hôtel de l’Aigle
Noir
Il y a un taureau sculpté par
Rosa
Bonheur
Un peu plus loin tout autour
Il y a la forêt
Et un peu plus loin encore
Joli corps
Il y a encore la forêt
Et le malheur
Et tout à côté le bonheur
Le bonheur avec les yeux cernés
Le bonheur avec des aiguilles de pin dans le dos
Le bonheur qui ne pense à rien
Le bonheur comme le taureau
Sculpté par
Rosa
Bonheur
Et puis le malheur
Le malheur avec une montre en or
Avec un train à prendre
Le malheur qui pense à tout…
Atout
A tout… à tout… à tout…
Et à
Tout
Et qui gagne « presque » à tous les coups

Presque.

Et un poème de Maurice Carême :

Quand les chevaux rentrent très tard

Il arrive que, rentrant tard
Par les longues routes du soir,
Les chevaux tout à coup s’arrêtent,
Et, comme las, baissent la tête.
Dans la charrette, le fermier
N’esquisse pas le moindre geste
Pour les contraindre à se presser.
La lune, sur les blés jaunis,
Vient lentement de se lever,
Et l’on entend comme le bruit
D’une eau qui coule dans l’été.
Quand les chevaux rentrent très tard,
Le fermier ne sait pas pourquoi,
Le long des routes infinies,
Il les laisse avidement boire
Aux fontaines bleues de la nuit.

C’est un exercice difficile, car les mots de nos poètes offraient à l’oreille des images mentales fortes. Que donner à l’image graphique lorsque l’image des mots est déjà très présente ? Comment vivre pleinement notre interprétation graphique du poème, tout en respectant l’auteur ? Et quelle est la place du spectateur là dedans ? Bref, encore un beau weekend de réflexion et de plaisir, car encore une fois nous avons bien profité de nos créations respectives !

La légende l’Albina

En septembre 2022 avec la cie Soleil Fruité, nous avons créé une balade théâtralisée que nous avons donné en représentation sur la commune de Saint Laurent d’Agny, comme nous le faisons presque tous les ans. Cette année, nous avons eu une demande particulière de la mairie. Notre balade devait servir d’inauguration au nouveau parcours pédestre du village, durant la journée du patrimoine.

J’ai apporté une touche de kamishibaï pour l’occasion ! J’ai écris une véritable fausse légende du village, en reprenant des anecdotes et lieux bien réels, et en les mélangeant savoureusement à des faits tout droit sortis de mon imaginaire. C’était une très belle balade, et une très belle aventure kamishibaï !

Festival International Beli Deflin -Slovénie 2022

La Slovénie est le pays d’Europe le plus actif dans le développement du Kamishibaï. Grâce à l’énergie de Jelena Sitar et Igor Cvetko, une grande communauté de créateurs de kamishibaï sont présents dans toutes les régions de Slovénie. Depuis 10 ans, ils organisent des festivals régionaux, un festival national, et un festival international. Le festival international « Beli delfin » (dauphin blanc) a lieu tous les ans à la fin du mois d’aout à Piran, au bord de la mer Adriatique. Il y a deux ans déjà, j’avais eu la chance d’y être invitée avec Yuiko et Lydie. Cette année c’était le 5eme festival international, et nous avons été invité avec le Collectif Ultramobile, accompagnés par nos deux bibliothécaires préférées : Myriam et Camille.

de gauche à droite : Darko Kočevar, Igor Cvetko, Vanja Iva kretič, Boštjan Oder, Jelena Sitar – Crédit photographique : Ubald Trnkoczy

Le festival Beli Delfin est dédié aux kamishibaïs de créateurs. Tous les kamishibayas du festival sont auteurs, illustrateurs et interprètes de leurs créations. Cette année, 60 kamishibaïs ont été programmés, répartis sur 3 soirées, et interprétés par des kamishibaya Slovènes, Serbes, Italien, Autrichien, Français, Anglais, et Japonais. Durant le festival, nous nous retrouvons pour des masterclass entre professionnels afin de discuter de cette forme d’art vivant et de ces particularités. Cette année, le thème global des masterclass était « Kamishibaï d’auteur : entre création et présentation ». Encore une fois, nous avons été grandement nourris de ces différents échanges et réflexions.

Afin de motiver les kamishibayas à donner le meilleur durant le festival, un concours est organisé, et trois différents prix accordés.

  • Le Prix « Beli Deflin » est décerné par le vote du public
  • Le prix « Morigenos » est décerné par le vote des artistes
  • Un troisième prix décerné par un Jury extérieur à la Slovénie concerne uniquement les kamishibaïs Slovènes. Pour ce prix, un jury est composé de trois personnes n’étant pas Slovène. Cette année j’ai eu l’honneur de faire partie du Jury avec Martin Porter, un kamishibaya anglais qui vit en France et qui fait partis de notre collectif Ultramobile, et Ivica Lučić, le directeur artistique du théâtre pour enfant Branka Mihaljevića en Croatie.

Le prix Morigenos et le prix du Jury ont été décernés à Miha Arh, pour son kamishibai « Našli sva klobuk ». J’ai été très touchée, car j’ai eu l’honneur de recevoir le prix Beli Delfin pour mon kamshibai « Les bottes » ! Que d’émotions !

Notre collaboration entre le collectif Ultramobile et le groupe de kamishibayas slovène continue, j’espère que de nouveaux projets verrons le jour en France cette fois. A suivre !

Crédit photographique « foto : ublad » : Ubald Trnkoczy

Un peu d’histoire

Voici un petit résumé de l’histoire du kamishibai inspiré des recherches de Tara McGowan. Tara MacGowan est à la fois conteuse, autrice, et une artiste visuelle qui pratique le kamishibaï depuis plus de vingt ans. Elle a fait des recherches de grande qualités sur l’histoire du kamishibaï, et m’a autorisé à traduire cet article disponible sur l’Ohio State University. Elle est actuellement co-directrice du World Kamishibai Forum. Bonne lecture !

Inventé au Japon, le kamishibaï est un puissant moyen de communication non numérique. Le kamishibaï est né d’une combinaison entre certaines formes théâtrales et narratives traditionnelles japonaises, et les premières techniques médiatiques cinématographiques arrivant de l’étranger.

Le premier kamishibaï a été inventé au début du 19e siècle. Il contenait des marionnettes en papier, appelées « tachi-e », qui pouvaient être retournées soudainement pour donner l’impression que les personnes qu’elles représentaient avaient bougés. L’animation des marionnettes « tachi-e » s’inspirait des premières techniques cinématographiques des lanternes magiques « Utsushi-e », qui utilisaient une source de lumière pour projeter des images (diapositives de verre fixes ou mobiles) sur un mur ou un écran. Les spectacles de lanternes magiques sont devenues populaires dans le monde entier et ont été les précurseurs du film à bobine. Lien : Vidéo de Lanterne Magique « Utsushi-e« 

Une marionnette « tachi-e » typique (The Kamishibai Classroom, p. 11)

Cette forme de « kamishibaï », appelée plus tard « tachi-e », ou « images debout », est devenue populaire au 19e siècle et était pensée comme une version miniature du théâtre kabuki ou bunraku. De nombreuses histoires jouées avec ces marionnettes étaient basées sur des œuvres dramatiques que le public connaissait grâce à ces grandes productions théâtrales.

kamishibaï-ya du 19e siècle (The Kamishibai Classroom, p. 4)

En 1929, trois artistes de rue kamishibaï « tachi-e » se sont réunis et ont inventés un nouveau type de kamishibaï, inspiré du dernier média mondial : le film muet. Ce kamishibaï, appelé « hira-e » ou « images plates » est le format que la plupart des gens connaissent aujourd’hui sous le nom de kamishibaï, utilisant des planches illustrées.

Les films muets sont arrivés au Japon vers 1910 mais ils étaient rarement muets, car il étaient souvent accompagnés d’un interprète. Celui-ci offrait des dialogues divertissant, et expliquait les différents contextes culturels des films étrangers (Dym, 2003). Ces narrateurs de films, appelés « benshi » sont devenus des célébrités. Les artistes de kamishibaï de rue des années 1930 ont imités leurs styles vocaux, ont copiés les techniques visuelles et les intrigues des films populaires. Le nouveau kamishibaï était au cinéma, ce que l’ancien kamishibaï avait été aux formes populaires du théâtre traditionnel.

Les artistes de rue, appelés « gaitō kamishibaï-ya » se déplaçaient généralement d’un quartier à l’autre, avec leurs castelets attachées à l’arrière de leurs vélos. Ils vendaient des bonbons et autres friandises à un public d’enfants avant les représentations, et c’est ainsi qu’ils gagnaient leur vie. Les artistes qui écrivaient les kamishibaï, segmentaient leurs histoires en épisodes. Chaque jour, les interprètes de kamishibaï louaient les nouveaux épisodes. Certaines séries célèbres, telles que Ogon batto : la « chauve-souris dorée », sont composées de centaines d’épisodes, qui ont ensuite été adaptées pour la télévision.

Kamishibai de rue au XXe siècle (The Kamishibai Classroom, p. 6)

De 1930 à 1950, le kamishibaï était la forme de divertissement la plus populaire pour les enfants, à tel point que lorsque la télévision est arrivée au Japon dans les années 1950, on l’appelait « denki kamishibaï » (kamishibai électrique).

Bien que le kamishibaï de rue soit la forme la plus fréquemment mentionné dans l’histoire du kamishibaï, à partir du début des années 1930, les éducateurs et les missionnaires avaient remarqué la faculté du kamishibaï à attirer et retenir l’attention des enfants. Ils ont commencé à publier des kamishibaï éducatifs et religieux. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le kamishibaï était devenu aussi important que le cinéma, la radio et d’autres médias de masse. Il a été utilisé pour diffuser le programme du gouvernement militariste, et convaincre les gens de tous âges que la lignée impériale était une figure divine (Orbaugh, 2014). Ces kamishibaï de « politique nationaliste » ou de propagande, s’adressaient à des publics de tous âges et dans toutes les langues des territoires occupés. Le kamishibaï avait un impact plus important que le film et la radio, car il pouvait être transporté dans des régions éloignées, hors d’atteinte des ondes et dépourvues d’électricité.

Une leçon importante à tirer de cette brève histoire du kamishibaï, c’est que le kamishibai n’est pas un genre littéraire, même si ces dernières années au Japon le folklore est devenu un genre particulièrement populaire pour les kamishibaï publiés. Le Kamishibaï est une forme de spectacle, un outils de médiation, qui peut être adapté à n’importe quel genre ou contenu et pour n’importe quel public ou groupe d’âge. Au Japon aujourd’hui, l’un des genres préférés des kamishibaï « artisanaux » (tezukuri) consiste à raconter des histoires personnelles et des histoires locales. Des festivals de contes kamishibaï ont lieu chaque année au Japon, où des personnes de tous âges se rassemblent pour raconter leur propre kamishibaï. Les conteurs travaillent également fréquemment avec des personnes âgées en maison de retraite, pour écrire des kamishibaï sur leurs récits de vie, afin d’enseigner aux jeunes générations l’histoire de leurs familles et de leurs communautés. Des efforts sont actuellement en cours pour écrire des kamishibaï à partir de l’expérience des survivants du tremblement de terre et du tsunami de Tohoku de mars 2011, afin d’aider à reconstruire et à guérir ces communautés, grâce au partage d’histoires.

Source : Tara McGowan – Ohio State University

Refonte graphique de printemps

En Mai, j’ai occupé l’atelier Fire-starter de la Friche Artistique Lamartine, où je travaillais régulièrement avant de déménager. Quel plaisir de retrouver les lieux ! Maintenant, Lydie s’occupe de ce merveilleux endroit.

Durant une semaine j’ai travaillé sur la refonte graphique de « Souffle » et de « La petite fabrique de nuages ». Ce fut un exercice assez particulier de refaire les illustrations de kamishibaïs, c’est à la fois un deuil et une renaissance, un genre d’effet Phœnix ! Depuis le mois de mai je les aient terminées, imprimées, et déjà racontées dans leurs formes nouvelles : j’en suis ravie !

Ma parole !

Etre auteur de ses propres kamishibaï offre la possibilité d’entrer dans la parole improvisée. En avril j’ai donc participé au stage « musicalité de la parole » avec Michel Hindenoch, stage organisé par l’atelier à histoires. C’était la première fois que je tentais de raconter mes histoires sans images illustrées, c’est déroutant mais très amusant !

L’art du conte et le kamishibaï ont des atomes communs. Le « diseur » de kamishibaï se doit de mettre en valeur, de compléter, d’animer des images illustrées, alors que le conteur créé des images mentales. Mais le kamishibaï et le conte partagent la présence particulière d’un narrateur.

J’ai passé une semaine extrêmement nourrissante avec Michel et le groupe de stagiaires. Michel est un grand pédagogue, et il va me falloir du temps pour digérer cette riche semaine, qui m’a profondément marquée. Car au delà de l’art de la parole, Michel a soulevé des réflexions profondes, notamment sur la place de la poésie dans notre monde.

Merci Michel !